Lalla Hobbi voir ce film avec sous-titres FULLHD

La suite de "A la recherche du mari de ma femme". Lalla Hobby change de mari


Le tournage de "Lalla Hobby" ou "Toujours à la recherche du mari de ma femme" dure 6 semaines entre Fès, Casablanca et la Belgique. Abderrahmane Tazi continue la saga de Hadj Benmoussa, mais change les acteurs principaux, pourtant récupérés par la publicité. Contre le star-système, il compte sur les situations pour un nouveau succès.

- Vous réalisez "A la recherche du mari de ma femme II", mais vous changez le titre, le scénariste et les acteurs principaux.
- C'est le public qui a donné ce titre "Lalla Hobby" au premier film. "Toujours à la recherche du mari de ma femme" sera le sous-titre.
De plus, ce titre est plus axé sur le rôle des femmes qui vont prendre les choses en main avec la disparition (de Fès, pas du film) de Hadj Benmoussa.
Pour les acteurs, mes films sont fondés sur des situations, et non sur des personnages centraux.
Le succès revient aux situations, plus qu'aux acteurs.

- Pourtant, le personnage de Hadj Benmoussa a été exploité dans la publicité, tant il a été populaire.
- C'est la rançon du succès. Il y a eu d'abord du piratage. Des milliers de cassettes vidéo ont circulé. J'ai déposé plainte contre X. Pour la publicité, j'ai fait moi-même le 1er film avec le personnage, pour la privatisation de la BMCE. Il y avait mon consentement. On a considéré que c'était un filon à exploiter sans l'accord de l'auteur. Même des techniciens appartenant à la Chambre, censés défendre la profession, ont participé à ce plagiat. Exploiter les idées des autres, les situations similaires, les mêmes acteurs révèle un manque de respect pour le droit des auteurs.

- Avez-vous exclu pour cela Bachir Skiredj de la distribution dans Lalla Hobby?
- J'ai travaillé avec Skiredj, pour un petit rôle dans Badis. Puis il a été lancé par mon film, et le succès lui est monté à la tête. Il peut être remplacé par n'importe qui. Car il n'y a pas que la qualité physique, mais aussi le jeu, la situation.
Hamidou est un grand qui a joué avec des réalisateurs internationaux dans 15 films.
3 ou 4 comédiens auraient jouer ce rôle.
Au départ, il y avait Berrada, Hamadi Amor, Larbi Doghmi, Ahmed Alaoui. Skiredj avait été contacté au dernier moment. Il a accouru. Aujourd'hui, il veut avoir son mot sur le scénario et la réalisation avec des exigences matérielles très élevées.
Or sur le plateau, le metteur en scène est le seul maître à bord.

- Et Mouna Fettou?
- Elle est remplacée par une autre comédienne de grand talent. Ce sera une révélation. C'est Somaya Akariou. Mouna Fettou voulait s'imposer comme si elle allait m'engager. Alors que je propose un contrat type français, elle est venue avec son conseiller juridique, elle se prend pour une star.

- Mais c'est sur le star-système qu'est fondé le succès des grands films internationaux.
- Je suis contre le star-système et le film de comédien, même si je réunis dans ce film le plus grand nombre de comédiens professionnels. Ce n'est pas au Maroc, où l'on produit deux films par an, que les acteurs ont des conseillers juridiques.

- Si vous ne faites pas de films de stars, vous faites des films d'auteur?
- Le cinéma est un travail collectif. Mais quand on dit "Moteur", il n'y a que le metteur en scène qui dirige. Nous ne faisons pas des films d'auteur, mais du cinéma d'artisan, avec des bouts de chandelles, pour être à la hauteur de n'importe quel film occidental.

- Le scénariste change aussi.
- Tout part d'une idée originale. Farida Benlyazid et Noureddine Saïl avaient travaillé ensemble sur le scénario de Badis.
Pour "A la recherche. ", j'ai fait le même parcours. M. Saïl m'a conseillé Farida, car il était occupé. Le travail a été merveilleusement fait. Puis j'ai proposé Lalla Hobby à Farida, mais il y a eu des malentendus matériels. Je suis revenu à Noureddine Saïl. Tous deux sont les seuls, sur le scénario, a avoir cette envergure internationale.

- Est-ce que vous vous attendez au même succès que le premier film?
- Je ne m'attendais pas à autant de succès au premier. Je voulais, après Badis, réaliser un film avec un peu de moi-même, en cherchant à retrouver un patrimoine, dans l'habit, le mobilier, la conduite des gens. C'est ce qui a plu au public. La critique sociale est importante, mais il faut garder une dignité de l'individu.

- Quels sont les ressorts de Lalla Hobby?
- Il y a toujours la comédie de situation, mais plus de dynamique que dans le premier. On sort du cadre de la maison traditionnelle, pour aller à Tanger, en Belgique.

- Les films marocains sont très lents. Est-ce pour des contraintes techniques?
- Il y a une déformation du public à partir des films venant d'Occident où les histoires commencent directement par "il était une fois". Dans la tradition arabe, il y a des préludes. Notre façon de raconter n'est pas lenteur, c'est une expression. Dans ce 2ème film, il y a des péripéties, du suspense, les tribulations du personnage en Belgique, des situations et beaucoup d'action.

- Les femmes "opprimées" par la polygamie et une tradition sur la répudiation prennent leur revanche dans le second.
- Dans le premier film, Hadj Benmoussa était pris en charge, dès qu'il entrait à la maison, comme un bébé. La personnalité des femmes apparaissait.
Là l'homme disparaît de la maison, les deux épouses se retrouvent entre elles, pour subvenir aux besoins de cette grande famille. Comme dans nos traditions, la première épouse prend en charge l'ensemble, dont la bijouterie. Elle se débrouille dans les affaires. Ce n'est pas une revanche. La femme peut s'occuper de l'intérieur et de l'extérieur.

- Combien coûtera ce film?
- Il coûtera 5 millions de Dirhams environ. Le premier avait coûté 4,5 millions et rapporté, au Maroc, pour la part producteur, 750.000 DH. Ce n'est même pas le 1/5 du budget d'un film.
Un producteur n'est pas celui qui finance, mais celui qui trouve les financements avec le Ministère marocain de la Culture, le Ministère français de la Culture et le fonds d'aide, les préventes aux télévisions, son apport personnel.
Pour ce 2ème film, "le fonds d'aide" finance pour 1,750 million de Dirhams, et le Ministère français de la Culture 1 million de Dirhams. Des coproducteurs belges et tunisiens s'y intéressent.

- Est-il possible de réaliser un film marocain rentable, autofinancé?
- Impossible avec le prix des billets, le nombre de salles et le pourcentage qui revient au producteur (18% des recettes).
Une grande satisfaction: pour la première fois, tout le traitement technique, développement, tirage, auditorium, seront faits au Maroc. La sortie est prévue pour novembre et la première aura lieu à Fès.

- Quelle est la leçon de "A la recherche du mari de ma femme"?
- On a démystifié l'idée qu'il n'y a pas de public pour le film marocain. Un film d'une certaine qualité où le public s'identifie au personnage, hors misérabilisme, connaît du succès.

- Et votre prochain film?
- Je reprendrai l'esprit de Badis, avec une unité de lieu, un village.

Propos recueillis par Khalid BELYAZID